Après le décès brutal de Pierre Chocquet à son domicile d'Agen le 27 avril 2014, les échanges avec les internautes passionnés par ses amies les abeilles, ont malheureusement pris fin sur ce site.
Après le décès brutal de Pierre Chocquet à son domicile d'Agen le 27 avril 2014, les échanges avec les internautes passionnés par ses amies les abeilles, ont malheureusement pris fin sur ce site.
Dés le début de mes études sur les abeilles, j’avais
été frappé par l’énorme travail accompli
par les abeilles pour produire du miel.
Après tout, le nectar n’est guère plus que de l’eau
sucrée. Et c’est en partant d’un élément
aussi simple qu’elles réalisent un produit complexe, qui se
conserve de nombreuses années, qui contient des enzymes des diastases
un principe antibiotique, et des sucres nobles, directement assimilable
par l’organisme.
Mais alors, ne pourrait on pas utiliser ces extraordinaires aptitudes que les abeilles possèdent depuis des millénaires, pour leur demander de faire des produits avec un « nectar » plus élaboré ?
Il ne s’agissait pas pour moi, de contrer la nature.
D’ailleurs bien que dans le langage courant, on parle d’abeilles
sauvages et d’abeilles domestiques, il n’y a en fait qu’une
sorte d’abeille sur ce plan là. L’abeille
ne se laisse pas domestiquer. Certaines vivent dans des ruches faites par
l’homme, d’autres vivent dans des troncs d’arbre, mais
elles sont identiques et vivent toutes de la même façon.
Par ailleurs, j’avais lu que les abeilles pratiquaient le hoarding. C' est-à-dire qu’elles ramassaient des provisions, non pas en fonction de leurs besoins, mais de leurs possibilités. Plus elles pouvaient engranger des provisions plus elles étaient satisfaites.
C’est en partant de ces données que j’ai décidé, dés que je suis devenu apiculteur à plein temps de faire des expériences. Les abeilles peuvent elles faire des produits plus élaborés que le miel ?
Au cours de mes expériences, je me suis rendu compte que l’action des abeilles sur des nectars naturels ou fournis était quadruple.
1/ Les abeilles ajoutent toujours leurs propres apports. Enzymes, diastases, principe antibiotique. J’ai pu établir par des analyses que le principe antibiotique qui se trouve dans le miel est rigoureusement identique à celui qui se retrouve dans mes produits nouveaux. Ce qui établissait que ce principe antibiotique ne venait pas du nectar, il n’était pas d’origine végétale, mais des abeilles elles mêmes.
2/ Les abeilles invertissent les sucres. Elles transforment le saccharose ( qu’il soit dans le nectar ou dans les sirops fournis) en sucres nobles, principalement lévulose et glucose, assimilable dans l’organisme sans y laisser de déchets.
3/ Les abeilles transmettent dans le produit fini ce qu’elles trouvent dans le nectar naturel ou fourni. Dans le miel il y a quelques vitamines trouvées dans le nectar butiné. Dans un produit nouveau je retrouve par exemple tel oligoélément que j’avais fourni.
4/ Enfin les abeilles, dans tous les cas, nectar naturel ou
fourni,réalisent un produit qui contiendra moins de 18% d’eau
et se conservera plusieurs années.
J’ai réalisé entre 50 et 60 produits nouveaux.
Qui se divisent en deux catégories
a/ Les produits gustatifs, de couleurs et de goûts différents. J’ai fait des produits verts à la menthe, jaune au citron, rouge à la grenadine, et de multiples autres produits à la mandarine, à la vanille , au café etc
b/ Les produits diététiques, à base d’oligoéléments, ou de vitamines ou d’extraits végétaux.
Mais il ne faut pas croire que toutes mes tentatives étaient couronnées de succès. Il y a des produits dont les abeilles ne veulent pas.
Par exemple, si elles acceptent la plupart des oligoéléments(
magnésium, manganèse etc) elles refusent absolument le cuivre.
J’ai même eu un cas assez curieux. La diététique
parlait beaucoup du sélénium produit auquel on prêtait
beaucoup de vertus . Bien entendu, j’ai préparé pour
mes abeilles des sirops avec du sélénium à diverses
doses.
Le premier jour, elles l’ont pris avidement. Comme le second jour
elles n’en voulaient plus, je suis allé voir ce qui se passait
dans la ruche.
Il n’y avait aucune mortalité. Mais les abeilles ne sortaient
plus, donc ne volaient plus. Sur les cadres, elles se déplaçaient
lentement, amorphes.
Il a fallu 8 jours pour que ces ruches reprennent une vie normale, sans
aucune perte d’ailleurs. Je crois qu’il serai prudent de se
méfier du sélénium et en tous cas de bien étudier
les effets secondaires qu’il pourrait avoir.
Bien entendu, pour mener mes expériences, j’ai du mettre au point des techniques de production et un matériel permettant de réaliser des productions en simplifiant le travail au rucher. Travail de l’apiculteur mais aussi de l’abeille, bien sur.
J’ai pris deux brevets, et même créé une petite Société pour lancer mes produits. Mais mes aptitudes commerciales n’étaient pas au niveau de mes possibilités sur le plan technique.
Depuis 5 ans j’ai tout abandonné, et ne désire absolument plus m’occuper de ces produits. Mais j’ai la certitude que d’autres après moi, lanceront ces produits qui présentent de nombreux avantages.
- Il est possible de réaliser une palette de produits
très diversifiés
- Sur le plan quantitatif, un apiculteur professionnel récolte 20
kg de miel par ruche et par an.
Or, il est possible de produire 120 à 150 kg de produits nouveaux
par ruche
et par an
Bien entendu, la question va m’être posée. Et les abeilles, dans tout ça ?
Soyez certains que si mes abeilles en avaient pâti, je n’aurait pas poursuivi mes recherches. Mais c’est exactement le contraire.
J’ai déjà parlé du hoarding. Les abeilles aiment amasser le plus possible de provisions. L’expérience est venue confirmer la théorie. Les ruches sur lesquelles je faisais mes produits, étaient toujours dans l’abondance et elles étaient de loin les plus fortes de tout mon cheptel.
Par ailleurs, elles résistaient beaucoup mieux aux
maladies.La varroa m’a fait perdre des ruches.
Pas une seule de celles sur lesquelles j’avais fait des produits nouveaux.
J’ai fait un dossier pour mon fils, avec le secret espoir ( secret, il ne le sera plus !!) qu’à sa retraite,
il reprendra le flambeau.